Je lui avais posé cette question pendant notre attente :
« tu photographies bien des accouchements,
tu serais d’accord de photographier notre première rencontre avec notre bébé
le jour où on nous appellera ? »
Elle avait dit : « oui, bien sûr ».
Et elle nous a fait ce formidable cadeau
de créer pour nous des souvenirs de ce jour unique et si singulier.

Cet été, nous avons enfin reçu le coup de fil magique,
celui qui nous a annoncé qu’on allait nous présenter un petit bout.
J’étais sur la plage et je lisais « Le Petit Prince » à ma grand-mère.
Quand je me suis inquiétée de l’heure,
j’ai allumé mon téléphone
et découvert 16 appels en absence de mon époux, resté à la maison.
C’est sur cette plage, face à la mer et à ma grand-mère
que j’ai appris la nouvelle quand enfin je l’ai rappelé.
Passés la surprise et l’impression que c’était une blague,
j’ai prononcé en pleurant ces mots ma main dans celle de ma grand-mère :
« Grand-Mère, je suis Maman ! Je suis Maman ! Je suis Maman ! »
Bizarrement, au mois de juin,
j’avais arrêté tous les engagements autres que mon entreprise.
Sur le coup c’était pour faire face au décollage de mon activité de photographe.
J’étais loin d’imaginer qu’en fait j’aurais ainsi fait plus de place aussi à notre bébé.
L’espérance ne trompe jamais.

Je ne savais rien d’autre que le fait qu’on allait nous présenter « un petit bout ».
Je ne savais pas si c’était une fille ou un garçon, ni son âge, ni son nom.
Comme une maman en début de grossesse
qui sait seulement qu’elle est enceinte
et qui ne sait ni le sexe de son bébé ni sa date de sa naissance.
J’ai même eu quelques symptômes de grossesse
dont le fameux masque et quelques kilos pris d’un seul coup.
J’ai ainsi découvert que non, ce n’est pas un mythe.

Le lundi qui suivait, rentrée de mes vacances,
je me suis rendue avec mon cher et tendre au Pôle Adoption de notre département.
On nous a présenté son histoire, on nous a dit son âge,
on nous a demandé de prendre une heure pour réfléchir.
Nous ne savions toujours pas si c’était un garçon ou une fille.
Et nous avons dit oui, évidemment.
En quelques minutes nous étions prêts à donner notre réponse
qui ne pouvait être que celle-là.
Alors ils nous ont dit que c’était une fille,
comment elle s’appelait, où elle était et comment ça allait se passer.
Nous sommes rentrés chez nous avec un choix primordial à faire :
garder son prénom ou lui en offrir un autre.
Tout s’est décidé tout seul ce soir-là,
le plus naturellement du monde, comme une évidence.

Le lendemain, deuxième rendez-vous d’une quinzaine chargée.
Nous avons découvert son visage en photo. Et tout s’est confirmé.
Petit à petit nous faisions d’elle notre fille dans notre tête et dans notre coeur.

Cette première semaine, j’ai tout géré pour que tout soit prêt matériellement
afin que je puisse consacrer ma deuxième semaine
à réaliser les tâches urgentes de mon métier de photographe spécialisé
autour de la naissance : il y a des séances qu’on ne peut pas reporter !
Le dernier vendredi soir, au Parc du Petit Prince
avec ma meilleure amie qui allait devenir sa marraine,
je lui ai souhaité la bienvenue sur le grand tableau noir
et j’ai enfin ressenti dans mon ventre cette boule d’impatience de la rencontrer !
La rencontre allait avoir lieu le lundi après-midi.
Celle-ci se passera de mots
puisqu’elle a merveilleusement été racontée en images
par ma chère amie et collègue Marie Dall’Agnol (MDpix).