Vous aussi, quand vous étiez petite ou ado,
vous aviez fait toute une liste des prénoms que vous aimiez bien ?
Autant vous dire qu’une fois mariée, aucun des prénoms de ma liste ne plaisait à mon époux et il a fallu tout reprendre à zéro.
Monsieur était d’avis qu’il était inutile de se poser la question
tant que nous n’avions pas d’enfant.
Mais j’ai insisté alors il a accepté de se pencher sur le sujet.
(A force de proposer des idées non retenues,
j’en ai eu marre de réfléchir toute seule et il a fallu qu’il s’y mette à son tour :
la critique est aisée mais l’art est difficile !)
Un prénom est resté dans nos cœurs avec les années
et c’était celui que nous réservions à un garçon.
Le prénom de fille a tellement changé au fil du temps
que j’en devenais persuadée que si la vie finissait pas nous confier un bébé,
ce serait pratique si c’était un garçon
vu que nous avions le prénom de façon quasi certaine
(pourtant je me suis toujours sentie plus à l’aise à l’idée d’avoir une fille).
Ce prénom a entre temps été donné
à de nombreux petits garçons dans nos connaissances,
ce qui nous faisait nous dire avec humour
(et un peu d’amertume aussi)
que si nous avions pu le donner
au moment où nous avons commencé à rêver d’un bébé,
nous aurions pu lancer la mode.
Puis, après des années d’Espérance (patiente ou pas),
une petite fille est arrivée dans notre vie.
Elle portait déjà un prénom mais nous avons fait le choix de lui en offrir un autre.
Après un gros dilemme que je tairais ici,
nous étions certains de vouloir trouver un autre prénom
mais aucun de ceux que nous avions envisagés pour une fille
ne semblaient convenir avec le portrait qui nous avait été dressé d’elle
et la façon dont nous commencions à l’imaginer.
Nous avons donc ressorti les dictionnaires de prénoms
qui n’avaient pas servi depuis bien longtemps
et nous nous sommes apprêtés à vivre
LA soirée « choix de prénoms » la plus urgente de notre vie.
Finalement, pas un de ces livres n’a été ouvert.
A peine m’étais-je installée avec mes bouquins sur les genoux
que le prénom qui n’avait pas quitté nos cœurs (et qui en réalité était mixte)
s’imposait à moi.
En fermant les yeux
j’ai imaginé la petite fille dont on nous avait parlé porter ce prénom
et il m’est apparu comme une évidence.
Je l’ai proposé à mon cher et tendre
en mode « et pourquoi pas ? »
et il a validé.
Nous trouvions tous les deux que ce prénom semblait lui correspondre parfaitement.
Nous n’attendions plus qu’une chose : voir enfin sa photo.
Nous espérions que son prénom nous serait ainsi confirmé.
Le lendemain, on nous proposa quelques photographies
dans une enveloppe que nous allions pouvoir ouvrir juste tous les deux
dans ce bureau que nous connaissions déjà bien.
Je ne pourrais vous décrire les émotions rapidement traversées
à la découverte de ces images qui n’étaient pas toutes flatteuses.
Mais je me souviendrais toute ma vie de mon sentiment
en découvrant la troisième photo
parce que c’est sur ce visage tout sourire
que j’ai eu ma confirmation :
oh oui, c’est bien Gabrielle.
J’ai beaucoup hésité avant d’écrire cet article.
Quand Héloïse Weiner avait annoncé le changement de prénom de l’un de ses enfants
sans en expliquer les raisons,
j’avais évidemment respecté ce choix
mais je ne l’avais pas vraiment compris.
C’est seulement en concevant cet article
que j’ai réalisé à quel point le choix d’un prénom touche à l’intime
et l’explication de ce choix n’est pas toujours évidente à livrer
sans trahir une partie de cette histoire très personnelle.
J’avais malgré tout très envie de partager la partie émergée de l’histoire de notre choix
alors j’ai veillé à ne pas en livrer ce qui n’appartient qu’à notre fille.
Crédit photo : MDpix